[Sport – Japon] Aïkido
Toujours repris sur wikipedia, et après je rajouterais des vidéos !
Bon c’est un peu pointu pour moi, je n’y connais rien en Aïkido mais c’est super intéressant !
L’aïkido (合気道, aikidō) est un art martial japonais (budo), fondé par Morihei Ueshiba ōsensei entre 1925 et 1969.
L’aïkido a été officiellement reconnu par le gouvernement japonais en 1940 sous le nom d’aikibudō et sous le nom aikido en 1942 donné par la « Dai Nippon Butoku Kai », organisme gouvernemental visant à regrouper tous les arts martiaux japonais pendant la guerre.
Il a été créé à partir de l’expérience que son fondateur avait de l’enseignement des koryu (écoles d’arts martiaux anciennes), essentiellement l’aikijutsu de l’école daitō ryū et le kenjutsu (art du sabre japonais).
L’aïkido est né de la rencontre entre ces techniques de combat et une réflexion métaphysique de Morihei Ueshiba sur le sens de la pratique martiale à l’ère moderne.
L’aïkido se compose de techniques avec armes et à mains nues utilisant la force de l’adversaire, ou plutôt son agressivité et sa volonté de nuire.
Ces techniques visent non pas à vaincre l’adversaire, mais à réduire sa tentative d’agression à néant.
L’aïkido peut être considéré comme la concrétisation du concept de légitime défense : une réaction proportionnée et immédiate à une agression.
En fait, dans l’esprit de l’aïkido, il n’y a pas de combat, puisque celui-ci se termine au moment même où il commence.
Conformément à cette logique, il n’existe pas de compétition d’aïkido excepté dans le style Shodokan fondé par Kenji Tomiki (et de ce fait appelé aussi Tomiki ryu, École Tomiki).
De plus, l’aïkido est aussi intimement lié à la religion Shinto.
En 1942, O Sensei Morihei Ueshiba érigea à Iwama (ville située au nord-est de Tokyo) un sanctuaire dédié aux 42 dieux et déesses protecteurs de l’aïkido : l’Aïki-jinja (合気神社) est aujourd’hui classé monument historique.
L’aïkido est un budo (art martial japonais) créé dans les années 1930 par Morihei Ueshiba.
Comme la plupart des budo modernes (judo, karaté, shorinji kempo, kendo…), il est l’héritier des arts martiaux développés durant les périodes de guerre, qui furent modifiés par les périodes de paix (ère Tokugawa) et la disparition de la classe des samouraïs (restauration de Meiji).
Morihei Ueshiba était un fervent pratiquant shinto, il fut également initié à la religion Ōmoto-kyō, au bouddhisme Shingon et au Kototama.
Il avait par ailleurs une expérience réelle de la guerre : il participa à la Guerre russo-japonaise, et nombre de ses élèves moururent durant la Seconde Guerre mondiale.
Son parcours, emblématique d’une authentique réalisation spirituelle, passant de techniques guerrières visant à tuer rapidement un adversaire à un art visant l’accomplissement de l’être humain, le conduisit à recevoir la révélation de nouvelles techniques martiales, et à devoir nous transmettre l’« art de paix », dont le but serait d’améliorer l’Homme, d’un point de vue physique mais surtout comportemental (tolérance et paix) et spirituel.
Les débuts de l’aïkido au Japon
Après avoir étudié depuis sa jeunesse de nombreux arts martiaux et avoir fait plusieurs rencontres marquantes, Morihei Ueshiba, fréquemment surnommé O sensei (littéralement « vénérable professeur ») par les pratiquants en raison de la maîtrise qu’il avait des arts martiaux, orienta sa pratique vers un art fait ni pour combattre, ni pour vaincre [mais pour] supprimer la notion d’ennemi .
Le premier dojo fondé par Maître Ueshiba en 1927 est le kobukan, qui se nomme maintenant l’aïkikai hombu dōjō, et se trouve à Tōkyō dans le quartier de Shinjuku.
Il y enseignait la majeure partie du curriculum du daitō ryū jūjutsu tel que lui avait transmis Sōkaku Takeda et des techniques de kenjutsu et de jōjutsu adaptées à son art qui se voulait plus « pacifique ».
Il nomma successivement son style daïto ryu aïki jutsu (en 1922, mais Takeda le lui interdit), ueshiba ryu jujutsu (jusqu’en 1924), ueshiba ryu (à partir de 1925-26), aïki budo (à partir de 1927), puis aussi kobu budo et aïkinomichi.
Durant les années 1930, la popularité et la réputation de Morihei Ueshiba ne cessa de grandir, ce qui amena plusieurs haut gradés d’autres écoles de budō à joindre l’organisation de Morihei Ueshiba (en particulier des élèves de Jigoro Kano).
Ueshiba fut aussi chargé par le gouvernement de la formation martiale d’officiers japonais.
Très proche de la secte non-violente et utopiste Ōmoto-kyō de Deguchi Onisaburo, il s’en éloigna après son interdiction en 1935.
L’aïkido que pratiquait à cette époque le fondateur était encore très proche du daito ryu (mais certains auteurs parlent aussi d’une influence chinoise).
Il s’agissait là d’un aïkido plus ferme, voire plus violent que celui qu’il développa par la suite.
Nombre de ses élèves de l’époque perpétuèrent ce style aujourd’hui connu sous le nom d’Aïkibudo.
Notons aussi au passage le style Yoshinkan initié par Gozo Shioda qui étudia également sous la direction du fondateur à cette époque.
Ce style est celui utilisé par la police japonaise.
À ce propos on remarque que Ueshiba ne sembla pas s’inquiéter que ses élèves fondent d’autres écoles d’art martial.
En 1940, O sensei eut une seconde vision (voir l’article sur Morihei Ueshiba ou une de ses biographies pour la première et la troisième) : oubliant toutes les techniques qu’il avait apprises jusque-là, il put les voir sous un autre angle, non plus comme de simples moyens pour projeter ou immobiliser un adversaire mais comme un véhicule pour l’épanouissement de la vie, de la connaissance, de la vertu et du bon sens.
C’est à ce moment que l’aïkido fluide et sans obstructions des dernières années de O sensei est né.
En 1942, Morihei Ueshiba décida dorénavant d’utiliser le terme aïkidō pour son art.
Il fonda la même année un dōjō à Iwama et un temple dédié à l’aïkido (reconstruit au début des années 1960).
L’aïkido d’après-guerre
La fin de la Seconde Guerre mondiale vit un hiatus dans l’enseignement de tous les arts martiaux japonais et l’aïkido fut le premier, en 1952, à pouvoir rouvrir les portes de ses dojo.
Ayant toujours vu son art comme un cadeau à l’humanité, Morihei Ueshiba fit tout ce qui était en son pouvoir, lui qui ne connaissait que le japonais, pour promouvoir l’aïkido au niveau international en envoyant des émissaires dans plusieurs pays européens ainsi qu’en Amérique et en acceptant toujours les étrangers qui voulaient pratiquer au Japon (et qui avaient la détermination requise).
C’est aussi dans cette période d’après-guerre qu’O sensei commença à donner des démonstrations publiques de son art, ce qui contribua à en augmenter la visibilité auprès du public japonais.
L’aïkido contemporain
La forme la plus répandue doit beaucoup au fils du créateur de l’aïkido Kisshōmaru Ueshiba, le premier dōshu (référent mondial pour la pratique, littéralement « maître de la voie » ou « guide du groupe de ceux qui suivent la voie [de l’aïkido] ») et à Koichi Tohei.
En effet, l’aïkido était essentiellement enseigné sous la forme d’une expérience, par la pratique.
Cette manière d’enseigner, typique des écoles traditionnelles (ryū), était peu adaptée à la mentalité moderne et à la volonté de diffusion internationale.
Kisshōmaru fit donc un grand travail de « verbalisation », en mettant en place une nomenclature des techniques et en mettant en avant la transmission verbale en plus de la démonstration par l’exemple.
Ce souci de pédagogie l’amena également à revoir l’exécution de certaines techniques, les rendant plus accessibles et adaptées aux aspirations modernes.
Le fondateur avait à cœur de répandre et d’enseigner l’aïkido qui pour lui avait une mission de Paix.
Se retirant dès la fin de la guerre dans le petit village d’Iwama tout en continuant de visiter les dojos de ses anciens élèves, ce n’est qu’au début des années 1960 qu’O’Sensei retourne vivre au Hombu Dojo.
Là, il enseigne et dirige de manière (quasi) quotidienne le cours du matin de 7h.
De plus l’évolution permanente de l’Aïkido de O’Sensei, les niveaux d’éducation et culturels éparses de ses élèves expliquent la grande variété d’écoles d’Aïkido aujourd’hui.
Enfin, on peut facilement avancer que chaque pratiquant, par sa technique, sa constitution physique et son attitude, pratique un aïkido différent et que toutes ces formes se retrouvent dans le principe, dans la « voie » de l’aïki, l’aïkido.
Ueshiba disait Il n’y a ni forme, ni style en Aïkido.
Son mouvement est celui de la nature, dont le secret est profond et infini.
L’arrivée de l’aïkido en Europe
L’aïkido arriva une première fois en Europe et plus particulièrement en France au tout début des années 1950 avec Minoru Mochizuki.
Mais ce fut avec Tadashi Abe, 6e dan, arrivé en France en 1954 que l’aïkido commença véritablement à se développer en Europe.
Masamichi Noro, nommé « Délégué officiel pour l’Europe et l’Afrique » par Maître Morihei UESHIBA lui-même, arrive en France en 1961.
Les débuts de l’aïkido en France
L’introduction de l’aïkido en France se fit tout d’abord avec Minoru Mochizuki en 1951.
Mais celui-ci resta peu de temps en Europe et en 1952, Morihei Ueshiba décida d’envoyer Tadashi Abe, alors âgé seulement de 26 ans.
À son arrivée il fut aidé par Mikinosuke Kawaishi qui venait d’introduire le judo en France et par André Nocquet, élève de Mochizuki.
En 1960, considérant sa mission accomplie, Tadashi Abe décida de retourner au Japon.
À cette période, entre 1955 et 1957, André Nocquet est élève (Uchi-deshi) à l’aikïkai de Tokyo.
D’autres grands maîtres japonais participèrent par la suite au développement de l’aïkido en France : dans un premier temps Hiroo Mochizuki, Masamichi Noro et Mitsuro Nakazono, puis Nobuyoshi Tamura qui s’occupera de l’aïkido en France jusqu’à son décès en 2010.
Les débuts de l’aïkido en Belgique
Après un bref passage de Minoru Mochizuki en 1951, le premier cours d’aïkido en Belgique fut donné à Bruxelles par Tadashi Abe, sollicité par les professeurs Julien Naessens et Jean Stas, le 28 novembre 1953 et le premier examen de ceinture noire eut lieu le 10 juillet 1955.
Les trois premiers qui réussirent cet examen furent Jean Stas, Georges Schiffelers et Jean Lindebrings. Après le retour au Japon de Tadashi Abe l’aïkido belge sera supervisé par Masamichi Noro et ensuite par N.Tamura et Aritomo Murashige, 9e dan, jusqu’à sa mort accidentelle en 1963.
Les débuts de l’aïkido en Suisse
Au début des années 1960, alors que l’aïkido était encore peu connu en Europe, il y eut des démonstrations isolées en Suisse, et de nombreuses tendances et interprétations. Quelques personnes l’ont enseigné sous des noms divers.
Il y eut même quelques compétitions.
Aucun club n’existait comme tel dans ces années précoces.
Les intéressés se regroupaient peu à peu dans des clubs de judo existants, puisqu’un dojo est évidemment nécessaire à la pratique.
Les aïkidoka, en faible minorité, pratiquèrent quelque temps dans le cadre du puissant Judoverbandes suisse.
Les premiers contacts avec des maîtres japonais remontent à cette époque.
En suisse alémanique, c’est maître Nakazono qui répondit à l’invitation de Willy Frischknecht et vint conduire des stages au Judo-Club de Herisau (en Appenzel).
En 1965, c’est maître Tamura qui vint en Suisse romande conduire quelques stages, à l’initiative de Monsieur Fredy Jacot.
L’ACSA, fédération propre, est née le 21 septembre 1969.
Les débuts de l’aïkido en Tunisie
L’Aïkido Club Kano, situé à quelques minutes de l’aéroport de Tunis-Carthage, a été créé en 1970 par Ahmed TOUATI BAKHTI avec le concours de ses fils Aladin et Hatem BAKHTI (3e dan).
Ahmed TOUATI BAKHTI est élève direct de Maître Masamichi NORO* (8e dan).
Il a le grade de 5e dan.
- 合 ai : du verbe au, concorder ; harmonie
- 気 ki : énergie
- 道 dō : la voie
Aïkido peut donc se traduire par « la voie de la concordance des énergies ».
En effet, le terme « concordance » est plus près du sens japonais original de l’aiki comme étant une action de rencontre (explicité dans la composition du kanji) que le terme « harmonisation ».
L’« harmonie » peut être le résultat souhaité de la pratique de l’aïkido, mais on ne fait pas d’aïkido sans faire concorder les énergies.
Comme le fait remarquer Olivier Gaurin, l’aïkido, par la concordance (« mettre les cœurs ensemble »), amène à un résultat où il sera possible de communiquer avec l’« adversaire », chose impossible si on a dans l’idée de l’harmoniser (« amener à une entente, se mettre d’accord », ce qui peut être impossible) ou de le détruire.
Un autre problème soulevé est qu’« harmonie » implique souvent une notion d’amitié ou de paix, ce qui est superflu (on ne peut pas être aimé par tout le monde, même si l’on aime soi-même tout le monde).
Par exemple, les Japonais utilisent le mot wagō (和合) pour « harmonie », terme composé de « paix » et de « concorder » : en concordant vers la paix, on crée l’harmonie.
Cependant, d’après le fils de Morihei Ueshiba, Kisshomaru Ueshiba, tout l’accent de l’Aïkido était mis « sur sa nature essentielle: l’amour ».
Le traducteur souligne d’ailleurs que « le premier signe de l’Aïkido « aï » qui signifie harmonie se lit de la même façon que le signe « amour ».
Morihei insista de plus en plus sur l’imbrication de ces deux sens. »
Kisshomaru Ueshiba rapporte aussi les propos du fondateur au cours d’une visite à Hawaï : « Je crois que l’aiki – qui naît de l’étude des arts martiaux – peut unir les peuples et donne au Monde son harmonie, dans le véritable esprit du budo, en le baignant d’une force immuable d’Amour.»
S’il suffit, en dehors du Japon, d’être un pratiquant pour être appelé ainsi, le terme exact est en réalité aikishugyosha, autrement dit, étudiants de l’aïkido.
Au Japon, le terme implique un professionnel qui se voue uniquement à cet art.
Ailleurs, l’usage a cependant conservé une appellation similaire avec les autres arts martiaux japonais, comme les judokas et les karatékas.
Le but de la pratique est de s’améliorer, de progresser (techniquement, physiquement et mentalement) dans la bonne humeur (le fondateur Morihei Ueshiba insistait beaucoup sur ce point).
Ne sont montrées que des techniques respectant le partenaire.
La complexité de cet art demande un haut niveau de pratique dans son utilisation en combat réel.
S’il est vrai que les techniques de base reposaient sur des pratiques académiques classiques et étaient adaptées à un style combatif, il reste que l’aïkido n’est pas une pratique qui vise en premier à la bagarre de rue mais un art martial qui prépare autant physiquement (souplesse, rapidité, musculature), mentalement (rester calme en toutes circonstances) que techniquement (respecter la distance de sécurité, trouver l’ouverture, se placer, gérer plusieurs attaques simultanées) au combat en toute situation.
Si l’aïkido est une activité physique, voire sportive, il dépasse ce point de vue en intégrant une vision de l’Homme.
Il existe différents styles d’aïkido répondant à différentes aspirations.
Le style le plus répandu est celui initié par le propre fils du fondateur, Kisshomaru Ueshiba, style connu sous le nom d’Aikikai.
Cependant, pour comprendre l’existence d’écoles différentes, il faut prendre en compte le fait que le fondateur de l’aïkido a créé cet art martial et l’a développé tout au long de sa vie.
S’il fut un soldat patriote et brillant dans les années 1930, contribuant à la militarisation des esprits en lien avec des organisations secrètes comme la Société du Dragon Noir ou des politiciens d’extrême-droite tels Oawa Shumei, Inoue Nissho et Kozaburo Tachibana, tous membres du groupe ultranationaliste Sakurakai dont certaines des reunions avaient lieu au Ueshiba Dojo, le fondateur de l’aïkido fut profondément bouleversé par l’usage de l’arme atomique en août 1945 et la défaite japonaise qui lui suivit et devint dès lors un pacifiste convaincu.
Si le patriotisme de Ueshiba ne prête pas à controverse, son pacifisme est bien plus accrédité par ses propos humanistes et par sa contribution aux orientations de l’évolution de l’aïkido que par ses engagements auprès de Onisaburo Deguchi gendre de Nao fondatrice de l’Omoto Kyo organisation sectaire dont les discours pacifiques et internationalistes se doublaient d’idéologies et de pratiques à caractère fascisant.
L’aïkido devient le premier art martial japonais à être autorisé par les Autorités américaines qui occupent le Japon en 1948 (création de l’Aïkikaï Hombu dojo) et Ueshiba Senseï situe lui-même dans son interview de 1957 sa conversion au pacifisme vers 1950.
En cela il suit parfaitement l’allocution de l’empereur Hirohito lors de la capitulation qui encourageait son peuple à « ouvrir la voie à une ère de paix grandiose pour toutes les générations à venir ».
Morihei Ueshiba eut de nombreux disciples, dont certains ont propagé des techniques en perpétuelle évolution.
En simplifiant, on distingue trois périodes : celles d’avant-guerre très dures et visant avant tout l’efficacité, puis celles des années Iwama 1942-1952 plus fluides mais conservant atemis et armes, et enfin la dernière période beaucoup plus souple encore.
Dans cette dernière période, le fondateur privilégie Ikkyo omote sur Shomen en mode ura.
Chaque disciple d’O Senseï a développé une version, maintenant une évolution constante.
Tadashi Abe, de retour au Japon, ne reconnaît pas l’aïkido qu’il avait appris à l’Aïkikaï et le quitte.
D’autres maîtres enseignent selon leurs sensibilités, créant des styles et des écoles différentes. En France, on compte une vingtaine de styles.
À Iwama, au dojo de Saïto Mohiro senseï, on estime que l’aïkido est né en 1942 et on y préserve cette version des origines.
Pour ce courant, la simplification qui suivit répondait à un intérêt de popularisation.
Ainsi Saïto senseï a-t-il été surpris de découvrir que les techniques du livre Budo de 1938 étaient exactement celles qu’a pratiquées Ueshiba senseï avec lui pendant des années, sachant que Saïto a commencé l’aïkido en… juillet 1946.
L’accent est mis sur le développement complet de l’individu.
Pendant les cours, les élèves observent l’enseignant faire la démonstration d’une technique et travaillent ensuite avec un partenaire pour la répliquer.
Ils améliorent ainsi leur technique et leur compréhension de l’art.
Le mouvement, le positionnement, la précision et le rythme sont tous des aspects importants dans l’exécution des techniques.
Les élèves gagnent également en souplesse et en adaptation en les appliquant.
Au niveau débutant, les aïkidokas s’entraînent par deux.
L’« attaquant » (uke, littéralement « celui qui accepte, qui chute », également appelé aite, littéralement « celui qui prête sa main ») déclenche une attaque contre le « défenseur » (tori « celui qui saisit », également appelé shi et parfois nage « celui qui projette » ou encore shite « celui qui exécute »), qui la neutralise avec une technique d’aïkido.
En Ki Aïkido, nage et uke sont utilisés pour indiquer qui va se défendre (et projeter ou contrôler l’autre) et qui attaque (et qui va « recevoir » la technique d’aïkido).
En général, la technique est étudiée de la manière suivante : le professeur montre le mouvement, puis le partenaire aite attaque tori quatre fois (deux fois de chaque côté : gauche et droite alternativement), puis les partenaires échangent les rôles pour 4 nouvelles attaques et ainsi de suite.
Lorsque plusieurs mouvements ont été vus à partir d’une même attaque, le professeur peut faire travailler en « technique libre » (jiyū waza) : les rôles aite et tori ne changent pas, aite se relève après chaque mouvement et réattaque immédiatement tori qui applique la technique qu’il veut ; le placement et le mouvement du corps ainsi que l’endurance (cardio-vasculaire) sont alors travaillés.
Parfois, tori est assailli par plusieurs aite, afin de travailler la réponse à une attaque de groupe (ce travail se nomme randori bien qu’il soit différent du combat libre pratiqué au judo).
Composantes d’un mouvement
Les mouvements d’aïkido partent de l’attaque d’un des deux partenaires, attaque déclenchée de sa propre initiative par ce partenaire ( uke) ou suscitée par le pratiquant qui va appliquer la technique (tori).
Cette attaque peut consister en un coup, une saisie ou une combinaison des deux.
Coups et saisies visent en général la partie supérieure du corps.
Il y a ensuite trois ou quatre parties qui se retrouvent toujours à la genèse d’une technique d’aïkido même si des variations peuvent être observées d’un style à un autre :
- l’absorption : au moment où l’énergie de l’attaque de aite se libère (l’attaque part), tori bouge pour modifier la cible ou la trajectoire de l’attaque.
C’est dans cette phase que tori s’approprie l’attaque de aite au lieu de la subir. - L’entrée : tori s’esquive par un pivot, avançant sur son côté, etc. Les possibilités sont nombreuses.
Il peut également attaquer pour obliger aite à une réaction de défense et exploiter cette dernière par la suite. - Le déséquilibre : par ses déplacements et mouvements tori dirige, entretient et amplifie le déséquilibre en utilisant l’énergie cinétique et la force de celui-ci.
- L’immobilisation ou la projection : tori projette ou immobilise aite.
L’immobilisation s’obtient à l’aide d’une clef (au bras, au poignet…).
La projection s’obtient à l’aide de différents contrôles au niveau du corps de aite (tête, coude, poignet…) privant ou dissuadant ce dernier de toute autre issue que la chute au sol.
Richesse des combinaisons de mouvements
« Il y a environ 3 000 techniques de base et chacune d’entre elles a 16 variantes… ainsi il en existe quelques dizaines de milliers. Et selon la situation, vous en créez de nouvelles. »
— Morihei Ueshiba
Je vous renvoie sur l’article de wikipedia pour un détail des techniques : wikipedia
Le fondateur a réuni dans le jō des techniques de lance, de sabre de naginata (fauchard) et de Jūkendō (Baïonnette).
La technique de sabre qu’il a développée est singulièrement différente du kenjutsu des koryu (écoles traditionnelles).
C’est surtout à l’étude de cette dernière que le fondateur consacra son énergie en ce qui concerne les armes.
Histoire
En réalité, Morihei Ueshiba n’a jamais enseigné directement la pratique des armes, ni lors des stages qu’il donnait régulièrement, ni lors des cours qu’il dispensait à l’Hombu Dojo, le dojo central de l’aïkido à Tokyo.
Toutefois, comme il les pratiquait presque chaque jour dans son dojo personnel devant un nombre restreint d’élèves, ceci explique leur relative méconnaissance.
La transmission de cette pratique s’est faite essentiellement par les plus gradés de ses uchi deshi (étudiant admis à résider dans le dojo) : Hikitsuchi Michio, Sadateru Arikawa et Morihiro Saito.
Ce dernier a vécu 23 ans auprès du Fondateur et, après la mort de celui-ci, a regroupé les techniques qu’il avait apprises et il a élaboré différents exercices pour permettre leur enseignement.
Il existe ainsi dix kumijo (jo contre jo) et cinq Kumitachi (ken contre ken), tous sujets à de nombreuses variantes, plus ce que le fondateur nommait « son œuvre » : Ki Musubi No Tachi.
Leur validité martiale est manifeste, Morihei Ueshiba ayant d’ailleurs étudié de nombreuses koryu.
Ainsi, on note des ressemblances évidentes entre certaines techniques du sabre de l’aïkido et celles de la koryu Kashima Shinto Ryu (par exemple, entre « ichi no tachi » —aïkido— et le premier kata « ipommé » —Kashima Shinto Ryu—).
La place des armes dans l’aïkido est l’objet d’un vif débat : peu d’écoles en maîtrisent réellement la pratique et les techniques à mains nues occupent donc généralement l’immense majorité du temps d’étude.
Dans la branche Iwama ryu (élèves de Morihiro Saito), la pratique des armes, bukiwaza (武器技), est mise sur le même plan que celle à mains nues (taijutsu).
La pratique du bokken y est appelée aikiken et la pratique du jō aikijō.
Maître Saito expliquait que pour le fondateur, l’aïkido était l’étude du bukiwaza et du taijutsu, et que ces deux éléments sont indissociables.
Pratique
Par la répétition d’exercices (les suburis qui peuvent être envisagés comme un alphabet de mouvements élémentaires), le pratiquant vise, entre autres, à réaliser l’unité du corps avec le ken ou le jo qui doivent ainsi véritablement devenir le prolongement de son corps.
Par extension de ce principe, la sensation doit devenir la même avec un partenaire qui doit être maîtrisé de la même façon et suivant les mêmes principes.
La pratique des armes permet également d’appréhender différentes distances face à un ou plusieurs adversaires (maai), de travailler une posture correcte (shisei) et de vaincre l’appréhension des armes.
Bien que la plupart des techniques d’aïkido (issues principalement des 118 techniques de base du Daito-ryu) soient des techniques développées, non pas à partir de techniques d’armes, mais soit de lutte à mains nues, soit de défense à mains nues contre un attaquant armé, l’étude des armes peut parfois être utile à la compréhension de certaines techniques à mains nues via certains parallèles.
En effet, une grande quantité de mouvements est dérivée des techniques utilisées par les guerriers armés, ou de techniques utilisées pour désarmer l’adversaire.
De plus, la visualisation d’un mouvement avec un sabre donne une conception plus claire du mouvement à effectuer à mains nues.
Les techniques de sabre ont eu une grande importance dans l’élaboration de l’aïkido par Maître Ueshiba.
On peut aussi considérer que, fondamentalement, une technique d’aïkido ne peut se réaliser efficacement que si « l’entrée », l’instant de mise en relation entre les deux protagonistes au moment de l’attaque, est réussie.
C’est l’instant « aïki », fraction de seconde où l’harmonie est ou n’est pas, que le génie martial de Moriheï Ueshiba a su percevoir et développer.
La pratique des armes permet de se focaliser principalement sur cet instant.
La pratique des armes est très diverse :
- jo contre jo
- jo contre mains nues / mains nues contre jo, pratique appelée « jo nage » lorsque l’adversaire saisit votre jo ; ou « jo dori » lorsqu’il vous attaque avec un jo
- bokken contre bokken, pratique appelée « ken tai ken »
- bokken contre mains nues / mains nues contre bokken, pratique appelée « tachi dori »
- bokken contre jo, pratique appelée « ken tai jo »
- tanto contre mains nues, pratique appelée « tanto dori »
- juken (baïonnette) contre mains nues, pratique appelée « juken dori » dont Moriheï Ueshiba fut longtemps instructeur pour les armées impériales
L’apprentissage peut comporter plusieurs types d’exercices :
- suburi : mouvements réalisés seul et destinés à développer la maîtrise des armes et à apprendre différents coups et postures
- awase : applications avec partenaire des suburi destinées à travailler l’harmonisation
- kumijo et kumitachi : séquences de combat stéréotypées avec partenaire
- kata : suite codifiée de coups et techniques pouvant s’exécuter seul ou à plusieurs
Une autre arme est pratiquée dans certaines écoles d’aïkido : le bō (bâton long) ainsi que le bâton court ou tambō.
La pratique du bō permet d’abord la juste position des hanches et des pieds, qui est la même qu’à mains nues.
Aux États-Unis, certains dojo enseignent également des techniques de désarmement avec des pistolets en mousse ou en bois, tandis qu’en Afrique, certains dōjō pratiquent des techniques de défense contre différents types de machettes.
Au niveau des passages de grade, le travail à mains nues contre le jō ou le tantō est généralement exigible à partir du premier kyū.
Le travail au bokken, contre mains nues ou contre un autre bokken, est exigible à partir du troisième dan. Bien entendu, des différences existent là aussi d’une école à l’autre.
D’un point de vue martial, cela se comprend de trois manières :
- unir les énergies de son propre corps (via le seika tanden) pour agir, coordonner les bras et les jambes ; notamment, on s’attache à mouvoir les deux mains ensemble (comme si elles tenaient un sabre) en maintenant une certaine extension des bras, afin de mieux transmettre le mouvement au partenaire (par un effet de levier) et de maintenir une distance de sécurité (gestion de la distance, ma ai)
- unir les énergies des deux partenaires : tori ne va pas s’opposer à uke » mais va au contraire accompagner son mouvement, s’accorder à son rythme (gestion du rythme, autre sens de ma ai) ; alors que uke s’attend à rencontrer une résistance, il rencontre en fait le vide, et même une assistance pour poursuivre son mouvement, ce qui provoque sa chute (la sensation est similaire à une porte qui s’ouvre au moment où on essaie de l’enfoncer).
Pour prendre une image : lorsque l’on étaie un mur, le mur et l’étai sont en opposition, ils se renforcent mutuellement ; de même si tori s’oppose à uke, il le renforce sur ses positions, il le stabilise, alors que s’il l’accompagne dans son mouvement, il maintient le déséquilibre - agir comme un intermédiaire entre un état de violence et un état où la violence n’est plus : on laisse la violence se déployer où elle ne peut nuire.
On peut comparer la personne qui agit de cette façon à un « passeur d’orages » : non pas celui qui empêche les orages de tomber, mais celui qui les dirige de manière qu’ils ne fassent pas de dégâts.
Il ne cherche pas à dominer, mais à débloquer là où il y a fixation (sur une émotion, sur la violence ou l’attaque comme telle, etc.).
Après le déblocage, il ne conduit pas consciemment la violence – ce serait là une forme de domination – mais la laisse couler vers un endroit où elle ne peut nuire
On peut y voir une progression :
- partant du niveau psychomoteur (« l’esprit et le corps », unir nos propres énergies)
- au niveau technique (s’unir avec l’énergie des autres et par là créer un vide)
- puis au niveau mental (« être » le vide, le non-manifesté, voir Budo > Budo et spiritualité)
Il serait bien sûr futile d’essayer d’« être le vide » avant d’être capable d’en créer un ou d’essayer de s’unir avec des énergies extérieures lorsqu’on n’est pas encore capable d’unir ses propres énergies internes.
Un concept de progression semblable se retrouve dans l’enseignement du Tenshin Aïkido : on commence par le gō (剛, dur : nos techniques sont angulaires, exécutées avec force), ensuite vient le jū (柔, flexible : nos techniques deviennent flexibles, on se sert de la force de l’autre) et finalement le ryū (流, flux : nos techniques « coulent » comme de l’eau, on laisse passer la force de l’autre).
Pour cultiver cette notion de l’énergie, on pratique en début et en fin de séance des exercices respiratoires.
Dans la symbolique taoïste, ces exercices sont là pour mettre en mouvement l’énergie vitale (le ki, qui signifie aussi le souffle).
Morihei Ueshiba était aussi un adepte de la secte shintoïste Ōmoto-kyō.
Une de ses intentions, en fondant l’aïkido, était de promouvoir la paix et l’harmonie entre les êtres, afin de créer une société meilleure.
Le terme « concordance des énergies » renvoie donc également à une conception de la société où les gens coopéreraient entre eux vers la paix et l’harmonie plutôt que de s’affronter.
Dans sa dimension mystique la plus extrême, il considérait l’aïkido comme une prière gestuelle, semblable aux mudrâ bouddhiques, associée à une prière vocale, le kotodama.
La maîtrise de chaque point d’une technique est indispensable à son fonctionnement.
Le but de ces formes est aussi de travailler l’attitude.
En effet, un mouvement ne peut être réussi que si :
- tori est toujours stable, il doit donc avoir une attitude « parfaite » (shisei – 姿勢)
- tori gère les ouvertures (possibilités d’attaque) et fermetures (empêcher uke de contre-attaquer), en gérant les distances, les directions et le rythme du mouvement (maai – 間合)
- tori coordonne ses mouvements et les harmonise pour maîtriser uke sans que celui-ci rencontre une opposition qui lui permettrait de se raffermir (aiki)
- uke est toujours en déséquilibre, ce qui implique un travail sur les directions, l’extension des bras et la continuité du mouvement (ki no nagare)
Cette attitude est très importante et indispensable aux progrès.
Dans un combat réel, un mouvement ne présentant pas la plus parfaite exactitude est inefficace.
L’efficacité martiale, pour un aïkidoka, ne réside pas dans l’agressivité qui mène à la destruction, mais dans l’attitude.
Une des manières d’évaluer la justesse martiale est de marquer des atemi (coups) (par exemple lancer la main ouverte ou le poing vers le visage du partenaire pour simuler un coup de poing) : si tori a la possibilité de frapper, c’est que son attitude est correcte, et si uke peut frapper, c’est que tori a fait une erreur.
Le port de tels coups est indispensable sur certaines techniques, la réaction de uke à ce coup étant utilisée.
Mais il n’est pas nécessaire de porter réellement ces coups.
Certaines branches de l’aïkido vont jusqu’à supprimer le marquage des atemi, ce qui n’est pas sans susciter des controverses
C’est ainsi que l’aïkido peut se prétendre à la fois « martial » et « non-violent » : il n’est pas nécessaire d’être violent pour être efficace martialement, l’être est même contre-productif en aïkido.
Pour des raisons pédagogiques, les mouvements sont parfois montrés avec une grande amplitude, alors qu’en combat réel les mouvements courts sont plus efficaces (rapidité et économie d’énergie).
Les mouvements se raccourcissent spontanément avec la tension nerveuse (stress) de l’agression, ils raccourcissent également au fur et à mesure de la progression du pratiquant.
La pratique régulière et assidue de l’aïkido permet aussi de préparer un individu physiquement (souplesse, rapidité, musculature), mentalement (calme et maîtrise de soi) et techniquement (respect de la distance de sécurité, ouverture, placement, gestion de plusieurs attaques simultanées).
La garde : kamae – 構え
La pratiquante de droite vient d’attaquer par une saisie simultanée des deux poignets de face mae ryote dori.
La garde de base en aïkido est la position hanmi (san kaku 三角, littéralement « trois points », en triangle).
Le pied avant est dans l’alignement de la jambe, le pied arrière ouvert avec un angle d’environ 50° par rapport à l’axe du pied avant.
Le poids est réparti sur la plante des deux pieds, les talons très légers.
Dans cette position les hanches se placent naturellement de trois quart.
Cette position est intermédiaire entre la garde iaidō (les pieds sont parallèles, les hanches complètement de face) et la garde de karaté, où les hanches sont profilées pour réduire la zone d’impact et permettre d’armer les coups de pied.
L’objectif de cette garde est d’obtenir une bonne mobilité dans toutes les directions.
On rencontre également la position hitoemi (一重身). Hitoemi signifie « le corps d’une unique épaisseur ».
Hitoemi consiste à se tenir debout en ayant la pointe des orteils sur une même ligne droite.
C’est une posture où l’on présente totalement le côté du corps au partenaire.
C’est la garde kamae de base au jo ainsi que l’attitude que l’on assume au sabre lorsque l’on exécute tsuki.
Excepté dans le style Yoshinkan ryû, il n’y a pas de position particulière pour les mains en aïkido.
Le but principal de cette « absence de garde » pour les mains est simple : cela évite de les mettre en avant, et donc de les exposer à une éventuelle arme cachée de l’adversaire (comme un couteau dans la manche).
On désigne ceci par l’expression shizen tai (position naturelle).
Il se compose d’une veste et d’un pantalon en coton blanc.
La veste est fermée par une ceinture (obi).
Il s’agit du même qu’en judo, bien qu’il existe des vestes spécifiques dont les manches sont raccourcies afin de faciliter la saisie des poignets.
Lorsque le professeur estime que l’élève a acquis une technique satisfaisante, il l’autorise à porter le hakama, une sorte de pantalon flottant noir ou bleu foncé.
Cependant, selon les dojos et les écoles, le port du hakama peut varier : le pratiquant est autorisé à le mettre dès le début (car il s’agit de la tenue traditionnelle), à partir du troisième, deuxième ou premier kyū.
L’aïkido se pratique pieds nus sur le tatami (ou, à défaut de tatami, sur un tapis), mais l’étiquette enseigne qu’il faut s’y rendre avec des chaussures pour des raisons d’hygiène ; les pratiquants utilisent en général des nu-pieds appelés zōri.
Les zōri doivent être disposées perpendiculairement au tatami, la pointe en direction de l’extérieur afin de pouvoir repartir rapidement.
Par exemple, Minoru Mochizuki reçu en 1932 un hiden mokuroku en Daito-ryu Aiki-jujutsu3 certificat attestant de la maîtrise des 118 techniques de base équivalent de nos jours au 5e dan (selon Rinjiro Shirata, le contenu de ce mokuroku est le même que celui du livre Budo Renshu publié en 1933).
On sait cependant qu’il adopta le système de Dan avant la Seconde Guerre mondiale puisque Shigemi Yonekawa reçut le 6e dan en 1940.
Le système des grades dan dans les Budō est développé au Japon par Jigorō Kanō dès le xixe siècle afin de remplacer le système traditionnel de certificats d’aptitude permettant d’enseigner (soit en succédant au maître, soit en fondant sa propre école).
Cela en créant des étapes intermédiaires, plus modernes et progressives, les grades kyū et dan.
Dans certaines écoles d’aïkido (car ce n’est pas systématique), le débutant se voit attribuer le grade sixième kyū, puis progresse jusqu’au premier kyū.
Les passages de grade kyū se font au dojo (lieu de pratique) par le professeur lui-même.
Puis, le pratiquant passe le premier dan (devant un jury ou son professeur en fonction des écoles et/ou des pays, certaines écoles traditionnelles n’admettent aucune forme d’examen, les grades sont accordés de manière discrétionnaire par le professeur qui observe l’évolution de ses élèves), le grade le plus élevé étant le dixième dan (accordé uniquement à titre posthume ou exceptionnellement pour des personnes de très haut niveau).
Il n’existe en aïkido que deux couleurs de ceinture : blanc et noir.
On porte la ceinture blanche du sixième au premier kyū, puis la ceinture noire à partir du premier dan.
Certains dojos utilisent des ceintures de couleurs (blanc, jaune, orange, vert, bleu, marron, noir) différentes pour marquer le niveau, et ainsi donner des repères de progression aux jeunes pratiquants, parfois aussi aux adultes.
Le hakama était la tenue communément portée dans les koryu (les écoles traditionnelles d’arts martiaux), bien que la forme et la couleur n’aient pas forcément été uniformisées, même au sein d’une même école (la formalisation provient probablement de la restauration Meiji) et un certain nombre de Budo modernes, dont l’aikido, ont gardé cet usage.
Il est dit que Ô sensei interdisait quiconque ne portant pas le hakama à entrer dans le dojo, même les visiteurs.
Cependant pendant la période d’après guerre, les élèves ne pouvaient plus se payer les hakama, Ô sensei autorisa donc ses élèves à pratiquer sans hakama le temps qu’ils économisent pour s’en payer un.
Depuis lors certains de ses élèves ont cru que le hakama avait une portée honorifique.
C’est pour cela qu’aujourd’hui beaucoup de professeurs autorisent le port du hakama lorsqu’ils estiment que le pratiquant a atteint un niveau suffisant.
Selon les dojos, cela se fait au troisième kyū (équivalent de la ceinture verte au judo) ou au premier kyū (équivalent à la ceinture marron) ou avant.
Toutefois, certaines écoles ne l’autorisent qu’à partir du premier dan.
La ceinture noire n’est pas une marque de maîtrise, le pratiquant de niveau premier dan est un étudiant (shodan) qui a acquis les bases.
Les usages peuvent toutefois varier d’une école à l’autre.
Dans certains dojos, l’étude, qu’on appelle bukiwaza, des techniques avec armes (bokken, jō, etc.) est considérée comme indissociable de l’étude des techniques à mains nues (taijutsu).
Une progression en parallèle dans ces deux domaines est obligatoire ; on ne peut, par exemple, prétendre passer le troisième kyū en taijutsu si l’on n’a pas atteint au minimum le quatrième kyū en bukiwaza, et inversement, de sorte qu’il y a à tout moment au plus un kyū, ou un dan, de différence entre le niveau dans ces deux domaines de pratique.
Dans la tradition japonaise, les dieux (kamis) inspirent l’esprit des hommes par des mots, et en prononçant ces mots inspirés par les kamis, on fait se concrétiser les concepts ; c’est le kototama ou kotodama (言霊, on trouve les deux transcriptions), que l’on pourrait traduire par « mots-âmes » ou « paroles sacrées ».
Ce concept se rapproche des mantras bouddhiques, ou d’autres pratiques de transe.
En fait, les cinquante « sons » (syllabes) utilisés en japonais sont considérés comme étant chacun un kami ; le kotodama est le pouvoir spirituel attribué à la langue japonaise.
Outre son usage dans la religion shinto, le concept de kotodama est également utilisé dans certains budo (arts martiaux).
Habituellement, la pratique de l’aïkido est silencieuse.
Cependant, dans l’enseignement de Morihei Ueshiba, l’exécution des mouvements s’accompagne de l’articulation de sons par les participants, les kotodama.
C’était même un des points fondamentaux pour le créateur puisqu’il disait : « L’aïkido est une méthode de fusion avec kototama, l’esprit de l’univers. »
On ne le pratique habituellement plus de nos jours du fait de la complexité, il faut en effet coordonner les mouvements et la parole, ce qui ne peut se concevoir qu’avec une très bonne maîtrise des techniques.
Voici ce qu’en dit Gérard Blaize dans son article « Les mots de l’âme » :
« […] à un geste fixé correspond un son. Par exemple, un son quand la main monte, un autre quand elle descend vers le sol, un autre quand elle décrit un cercle, etc. […] En général, une technique d’aïkido est constituée par l’enchaînement de plusieurs gestes. Il faut donc combiner dans une seule technique les sons et les gestes qui correspondent ; ce qui offre beaucoup de risques d’erreur. »
Voici ce qu’en dit Morihei Ueshiba lui-même :
« Dans le bujutsu (techniques guerrières) il y a les cris : ei-ya-to-ha etc. Ce ne sont pas seulement ces quatre cris ; il y a autant de cris que de mots que les Japonais peuvent sortir. L’important est qu’avec la respiration du ciel et de la terre, la voix, le cœur (kokoro) et le rythme s’unifient ; cela devient le kototama ; ce dernier devient une arme qui sort et de plus cela doit s’unifier avec le corps. […] On coupe avec le son ei — on reçoit avec le son ya — on s’écarte avec le son to. »
On notera l’évocation de « la respiration du Ciel et de la Terre » (ten chi kokyu), récurrente dans les écrits de Ueshiba.
Cela peut se comprendre par : unir la volonté (l’esprit, le « Ciel ») au ventre (le centre de l’énergie, « la Terre »).
D’un point de vue pratique, cela peut se ramener à un contrôle de la respiration, qui permet de ne pas s’essouffler, d’économiser son énergie, et d’avoir une meilleure efficacité des mouvements.
Cette synchronisation entre le mouvement et le souffle se cultive notamment dans les exercices respiratoires, de circulation du ki (voir plus haut).
O Sensei disait encore, à propos de kototama :
« Tous les actes de l’homme révèlent le travail subtil du kototama. C’est l’écho des sons qui vous conduiront à une compréhension quand vous vous examinerez en vérité. L’aïkido, plus spécialement, est né à travers l’écho du son. »
Et encore
« Laissez les kototama s’infiltrer à l’intérieur de vous, mettre le feu à votre sang jusqu’à ce que tout votre corps se fige en un kototama. Imaginez que vous vous arrondissiez pour former un grand cercle, prononcez le kototama, et laissez-vous pénétrer de la sensation de l’univers à l’intérieur de votre propre corps. Cette pratique est source de lumière (la sagesse), de chaleur (la compassion) et d’énergie (la force véritable). »
Le kotodama est également pratiqué dans le nippon kenpō.
https://www.youtube.com/watch?v=SQPHhiFsvO0
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[Mode] Le Hakama